Avril

 

  Tumulte au quartier financier, où la manifestation battait son plein. Au sein de la foule grondante, sur fond d’après-midi pluvieuse, une femme bien coiffée, le visage blanchi par le spot de la caméra braquée sur elle, s’efforçait de synthétiser la situation.

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  « Les mécontents ont commencé à se rassembler voici plus de deux heures, et c’est une foule immense qui marche maintenant vers la place Javeau, au centre du quartier. »

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  Derrière elle, une masse de corps en mouvement et des voix par centaines scandant des slogans radicaux. Pancartes et banderoles verbalisant la détresse. Jets de projectiles, aussi. Légers, pour le moment. L’humeur n’était certes pas au pacifisme, mais la tension demeurait encore étrangère à la sauvagerie.

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  « Ceux qui se font appeler les Débiteurs investissent ces lieux pour se faire entendre des institutions bancaires, et réclamer de leur part un… peut-on qualifier cela de geste commercial, monsieur Botrel ? »

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  Près de la journaliste, Maxime Botrel, porte-parole des Débiteurs, les traits contractés de colère contenue, avait patiemment attendu son temps de parole.

« Ils peuvent l’appeler comme ça leur chante, répondit-il. On veut récupérer nos vies, c’est tout.

 

– Ces gens qui défilent aujourd’hui ont pour la plupart été victimes de vol d’identité, le fléau de notre époque…

– … et ils se retrouvent à la rue à cause d’un mauvais clic ! Je l’ai vécu, alors je parle en connaisseur. Dans ce genre de situation, ce qu’on attend avant tout, c’est un peu d’humanité de la part de ceux qui tiennent les cordons de la bourse. Et c’est justement ce qui fait défaut.

– Via les réseaux, vous avez annoncé vouloir mener la manif au cœur du quartier, pour forcer le dialogue avec les élites financières… Vous pensez pouvoir influencer leurs décisions ?

– Hé bien, au vu des nouvelles lois en projet, c’est plutôt mal engagé, mais on va essayer.

– Vous n’êtes pas sans savoir que les Débiteurs ont de nombreux détracteurs. Dans le débat, on évoque souvent la responsabilité des particuliers vis-à-vis de la protection de leurs données personnelles.

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